C'est en lisant récemment l'une des chroniques sur concertclassic à propos de la dernière version de l' "Armide" de Gluck aux Champs Elysées, et en regardant les diverses réactions, que j'ai trouvée celle de Jacques Lonchampt célèbre critique musical au Monde, que j'avais bien des années avant, souvent lu - et vu - aux Jeunesses Musicales de France à l'époque où il y était conférencier et où j'éatais étudiant à Paris.
Lire sa réaction fut pour moi un vrai plaisir, d'autant que je connaissais de longue date sa position sur les mises en scène d'opéras, et retrouver ainsi par le plus grand des hasards une "contre-critique" de sa plume, que je n'avais plus lue depuis son départ du Monde fut une vive émotion, à laquelle je ne pouvais rester étranger.
Je ne sais plus comment mais j'ai pris l'audace de lui répondre, et quel ne fut pas mon plaisir de retrouver dans ma boite à lettres, la vraie, peu de temps après, un courrier de sa provenance !
Je dois dire que prévenu par sa nièce qu'il ne possédait pas d'accès à Internet, j'avais pu lui adresser mon courrier par voie postale classique.
Je possède depuis longtemps dans ma bibliothèque plusieurs de ses ouvrages, précieusement gardés, édités par les Editions du Journal Musical Français : davantage des analyses musicales que des critiques de concert, qui datent de l'époque où il était conférencier aux JMF, bien avant que intronisé par Hubert Beuve-Méry et René Nicoly, "il n'accède au Monde par la voix royale de Bayreuth, Munich et Salzbourg" comme il l'a écrit dans la préface de son "Journal de Musique".
Par retour de courrier, il a eu la grande amabilité de me dédicacer cet ouvrage que je n'avais pas ! Et c'est un véritable plaisir que de lire ses souvenirs, tout en constatant l'énorme différence d'esprit et de style par rapport à ce que l'on peut lire aujourd'hui…
Lonchampt, comme Gavoty, que je rencontrais souvent dans les couloirs des Jeunesses Musicales lorsqu'elles avaient leurs bureaux dans un étage de la Salle Gaveau, ont largement contribué autant l'un que l'autre, au travers d'interminables discussions, à mon éducation musicale. Gavoty, de surcroît, ingénieur Agro de formation était camarade de promotion du père de mon meilleur ami, lui-même camarade d'études jusqu'à notre école parisienne ! C'est dire que son approche m'en avait été quelque peu facilitée. Il n'était pas rare de surcroît que nous nous retrouvions tous à l'époque, aux sorties de concerts de mémoire du grand Festival de Prades des années 60-70…
Mais les termes ont perdu de leur sens :
Car à suivre l'actualité de la critique musicale comme je le fais depuis ma jeunesse, - ayant été au contact de ces deux grands critiques, en précisant par ailleurs que ceux-ci m'avaient fortement encouragé à lire les écrits de leurs pairs : Emile Vuillermoz, Louis Aguettant, (dont j'apprends par la plume de Jacques Lonchampt qu'il est son beau-père !) - je me pose aujourd'hui un certain nombre d'interrogations concernant l'évolution de cette critique en général.
La divulgation de la musique classique, et celle, suivant, de sa critique, ont je crois dans une certaine mesure été conduites à un abaissement du niveau de celle-ci.
Qui plus est, il y a de nos jours une telle dénaturation du sens des mots, que je ne sais plus très bien qui peut se prétendre réellement critique musical, ou musicologue ; pour celui qui reste attaché au sens du mot, je serais le plus souvent enclin à leur donner le simple titre de chroniqueur, pour éviter le terme aussi savant que généraliste de "musicographe".
Toujours est-il qu'après m'être reporté dans mon Larousse de la Musique aux définitions de chacun de ces termes, j'ai plus envie de qualifier la plupart de ceux que nous lisons tant dans la presse écrite que sur Internet, de simple "chroniqueurs".
Je trouve qu'il serait utile non pas de donner une définition de chacun de ces termes, et qu'il serait judicieux de pouvoir leur donner une classification "hiérarchique" en quelque sorte, précisant les doublons de fonctions qu'il peut y avoir d'une activité à l'autre. Car chacun signe son papier, mais… sans donner sa position ; et pour cause : sauf les nouveaux venus, ils sont tous connus !