Puisque ce samedi, nous n'avons aucun match à Roland Garros, j'en profite pour revenir sur le sujet des femmes assurant la fonction de chef d'orchestre, sachant qu'en moyenne leur effecti ne dépasserait pas 4%, ce qui est effectivement faible, et je maintiens la non féminisation de cette fonction : d'autres que moi (c'est  le cas de l'exemple ci-dessous) paratageant mon point de vue. Et je reprends ici un article publié par le périodique " Le Point " qui évoque la brillante carrière d'une jeune femme qui a fait le choix de cette carrière.

Elle excellait au tennis, mais a bifurqué vers la musique. À 30 ans, la Française est l’un des grands « chefs » (elle y tient) d’orchestre du moment.

Inspirée par un professeur d’exception, Roberto Gatto, elle se dirige vers la direction d’orchestre : « Ce qui m’a emportée, c’est le collectif, le sentiment fort d’être ensemble. » "J'ai été enthousiasmé par le collectif, le sentiment fort d'être ensemble". D’emblée, elle vous prévient, ferme mais souriante : « Je ne me reconnais pas dans l’appellation cheffe, qui met l’accent sur le genre, et non sur le métier, même si je la respecte. "Je ne me considère pas comme un chef d'orchestre "féminin" car cela met l'accent sur le genre plutôt que sur la profession, même si je respecte la dénomination."

Foin de l’écriture inclusive, voici donc la chef d’orchestre Marie Jacquot. En nommant la Française Kapellmeister, l’Oper am Rhein de Düsseldorf-Duisbourg est entré dans le club très fermé des formations musicales dirigées par une femme (4,3 % des orchestres du monde entier sont concernés, selon des chiffres de 2019). Marie Jacquot y dirige des opéras de Verdi ou de Gounod, et s’absente pour des concerts avec les meilleurs – récemment l’Académie Karajan (l’école rattachée à la Philharmonie de Berlin) ou l’Orchestre symphonique de Mulhouse.

À 30 ans, à la veille d’un concert à la Filature de Mulhouse, cette jeune femme brune qui irradie de talent a déjà une vie derrière elle, dans sa Chartres natale, à une époque où elle n’était guère mélomane : « Quand mon père mettait Radio Classique dans la voiture, je changeais pour Fun Radio ou Skyrock, se souvient-elle. La musique classique ne m’intéressait pas tellement. » "Dans la voiture, quand mon père mettait Radio Classique, je changeais pour Fun Radio ou Skyrock, se souvient-elle. La musique classique n'était pas ma tasse de thé." Ces trajets sur fond de bataille sonore la mènent alors d’entraînements en championnats. Adolescente, Marie Jacquot est joueuse de tennis, l’une des meilleures de sa génération. « J’étais sponsorisée, j’ai joué à Roland-Garros... "Et puis, à 15 ans, j’ai décidé d’arrêter le tennis pour de bon. Le manque de cohésion, d’entraide, l’obsession de la compétition... Ce n’était pas pour moi. Entre-temps, j’avais découvert mon instrument, le trombone. "

Collectif :

Inspirée par un professeur d’exception, Roberto Gatto, elle se dirige vers la direction d’orchestre : « Ce qui m’a emportée, c’est le collectif, le sentiment fort d’être ensemble. » "J'ai été enthousiasmée par le collectif, le sentiment fort d'être ensemble". Il y a aussi la découverte de la musique romantique allemande : enivrée de Brahms et de Mendelssohn,

Marie Jacquot se retrouve tout naturellement à Vienne pour ses études. Quand, lors d’un examen, on lui propose de chanter La Marseillaise, elle propose plutôt un air de Schumann : « J’aurais bien aimé chanter La Marseillaise, mais je ne connaissais pas toutes les paroles », Son premier engagement d’importance est à Munich, où elle assiste le grand chef russe Kirill Petrenko. Aujourd’hui, elle vit et pense en allemand au point de chercher parfois ses mots dans sa langue maternelle – « Je n’ai plus l’habitude ».

Endurance :

On devine qu'elle a été joueuse de tennis à la façon dont elle utilise son langage corporel à la tribune, gracieuse autant que dynamique. "La musique partage ceci avec le sport : vous la jouez". souligne Marie Jacquot, qui se souvient avoir profité, à ses débuts, de la coordination et de l’endurance cultivées sur les courts : « J’en ai gardé de la rondeur, du tonus. Quand on dirige un opéra, il faut se donner pendant trois ou quatre heures, c’est important de tenir. » "J'ai gagné en rondeur et en tonicité. Quand on dirige un opéra, il faut se dévouer complètement pendant deux ou trois heures, c'est important de tenir." Elle qui jadis ne trouvait guère d’intérêt à ces « histoires qui finissent mal » "des histoires qui finissent mal" goûte aujourd’hui la plénitude de l’opéra : « C’est la base du métier et une source de joie formidable quand on coordonne la scène, la fosse, les techniciens... Il n’y a aucune routine, chaque représentation est différente. "C'est l'essence même du métier et une merveilleuse source de joie quandon coordonne la scène, la fosse, les techniciens...Il n'y a pas de routine, chaque représentation est différente."

Marie JACQUOT Christian Jungwirth 2

En attendant la réouverture des concerts au public, le concert du 18 décembre 2020 avec les Wiener Symphoniker (Dukas, Ravel, Bach) est en ligne sur : www.youtube.com En fait il s'agit d'une répétition, et assez curieusement la disposition de l'orchestre sur la scène est inversée par rapport  à la disposition classique, mais je n'en connais pas la raison.

Le concert du 16 février avec la Karajan Academie (Eisler, Weill) est retransmis sur www.digitalconcerthall.com

Le concert du 5 mars avec l'orchestre symphonique de Mulhouse (Beethoven, Mozart, Rachmaninov) est disponible via www.lafilature.org.

Quand elle étudiait la direction d’orchestre, Marie Jacquot regardait des vidéos de grands chefs sur YouTube, histoire de s’inspirer : « Bernstein, Ozawa, Kleiber, Karajan, Abbado, Myung-Whun Chung... La liste est longue. » Dans ce panthéon, pas une seule femme :« Pourtant, je ne me suis jamais dit : c’est un métier d’homme. Je n’ai jamais eu besoin de voir une femme chef d’orchestre pour me projeter dans ce poste. Au fond, on m’a posé la question avant que je ne me la pose... » "Cependant, je ne me suis jamais dit : c'est un métier d'homme. Je n'ai jamais eu besoin de voir une femme chef d'orchestre avant de pouvoir me projeter de cette manière. Au fond, on m'a posé la question avant même que je ne me la pose..." Formée à Vienne, en poste en Allemagne, Marie Jacquot a assisté à la polémique sur le Philharmonique de Vienne lancée après le traditionnel concert du Nouvel An par un tweet du trompettiste Ibrahim Maalouf. « Je soutiens le désir de diversité et de parité si elles sont basées sur la compétence et non sur de simples quotas, explique la chef d’orchestre. Ma place, c’est la qualité. » , Cette place d’où elle parle aujourd’hui, avec un enthousiasme bien venu.

Marie JACQUOT Christian Jungwirth

 

A la voir diriger, on perçoit tout de suite son professionalisme, sa technique, la qualité de sa battue, et, non moins important sa capacité de communnication avec les exécutants,