Je reprends ici, de façon certes inattendue des écrits de ma jeunesse, couchés sur des cahiers d’écolier (de la marque HERAKLES, si cela rappelle quelques souvenirs à l’un de mes lecteurs), cahiers que j’ai prudemment conservés toute me vie à travers mes nombreux déménagements, écrits déjà avec mon écriture microscopique, lorsque j'avais environ 14 ou 15 ans, et qui va sans doute par moments me demander de recourir à une bonne loupe si je ne sais me relire !

Mais comme il y a beaucoup de matière, ce sera un document à suivre au fur et à mesure de sa publication, que je diviserai simplement en « Chapîtres »

Voilà, pour faire une introduction simple et claire, pour vous tous, Amis lecteurs. Peut-être ces écrits vous donneront une meilleure compréhension, sinon image de la personne que je suis.

Comme, dans mon blog, ils seront publiés à des dates imprévisibles et certainement irrégulières, je les publierai toujours sous le titre : ‘’ECRITS DE JEUNESSE, CHAPÎTRE X’’.

Voilà, pour mieux vous informer..

A bientôt, en vous en souhaitant une bonne lecture,

SACHS

ECRITS DE JEUNESSE – CHAPITRE 1

 

A propos de Franz Liszt :

Un aspect de Liszt : le virtuose.

Notes prises d’après une conférence des JMF, donnée par M. Meunier Thouret : ‘’Le virtuose et son public’’.

Au risque de surprendre certains de mes amis lecteurs, c’est par ce compositeur que je commencerai, puisque pianiste amateur moi-même, ayant beaucoup travaillé certaines de ses œuvres, il me paraît bien légitime de lui rendre honneur en commençant par lui.

Liszt a toujours été un virtuose, mais, en tant que tel, il n’a contacté le public que lors de ses concerts. Or la vie de Liszt se divise en deux grandes parties : Jusqu’à ses 36 ans (1847) une vie publique consacrée au concert. Après ses 36 ans, et jusqu’à sa mort, une vie de dévouement pour ses musiciens contemporains (en particulier son gendre, R. Wagner) et consacrée à la composition de la plus grande partie de ses œuvres.

Ce qui nous intéresse, ici, c’est sa vie publique.

Le virtuose et son public :

Liszt, jeune, vit à une époque où la virtuosité faisait rage dans les salles de concerts et défrayait la chronique. Tout naturellement il avait à faire face à la concurrence dangereuse de confrères comme Thalberg ou Kalkbrenner. C’est devant un public juge, arbitre qu’il affronte en 1833 le virtuose Thalberg, alors à Paris, dont la virtuosité menaçait la souveraineté de Liszt, et qu’il affronte avec succès.

Alors, une question se pose : par quel phénomène Liszt est resté célèbre, et non les autres virtuoses ? Précisément parce que des pianistes tels que Thalberg ont destiné leur vie à la seule carrière de virtuose. Liszt, lui, nous l’avons vu a mené une double vie. Au cours de ses concerts, et il y en eut partout en Europe, d’Edimbourg à Gibraltar, de Paris à Vienne, (on juge du périple accompli !) il ne jouait jamais de ses œuvres : il reste des traces de ses passages dans diverses villes en France : ainsi à Bayonne, puis à Nantes, Liszt a improvisé devant le public avec la fougue qui le caractérise, et il a transcrit au piano des œuvres comme les Symphonies de Beethoven ou la Symphonie Fantastique de Berlioz, (nous en avons aujourd’hui les partitions) avec un brio incomparable inégalable. Le public se pressait à la salle de concerts, se disputait les places les plus voisines de la scène pour mieux voir, mieux entendre et être plus près de ce véritable prestidigitateur du clavier. On comprend alors que cet enthousiasme faisait du concert non plus un concert, mais… un parfait numéro de cirque.

Liszt, créateur du récital :

Il est cependant un fait curieux à remarquer au sujet des concerts que Liszt donna au cours de sa carrière de virtuose. Quand Liszt donnait un concert, il en était toujours l’unique animateur. Alors que lorsque Chopin, par exemple donnait un concert, il constituait seulement une partie de ce concert : il pouvait très bien n’y donner qu’un mouvement d’un concerto, et un mouvement seulement. Avant lui, le public écoutait une chanteuse, et après lui, il écoutait un autre artiste. Donc Chopin ne paraissait que momentanément.

Il n’en a jamais été ainsi avec Liszt. Il s’est toujours assuré l’exclusivité dans les concerts qu’il donnait, et avait le monopole de la soirée. Il jouait tout aussi bien des transcriptions de Beethoven de Berlioz que des œuvres de Chopin, mais il n’y avait pas de mélange des artistes. Ainsi, Liszt avait créé le ‘’Récital’’: il donnait un récital Beethoven, un récital Chopin, mais la soirée était consacrée à Beethoven, à Chopin, et à eux, exclusivement.

Liszt, ce ‘’génial jongleur hongrois’’, comme l’a dit Emile Vuillermoz, est donc parvenu à épuiser toute la technique pianistique au cours de ses différents concerts. Or il est encore un fait remarquable : ses improvisations qui n’ont presque jamais été jetées sur le papier, sont de bien moindre qualités que ses compositions. Et par là, elle sont de la même valeur que les œuvres écrites de Thalberg, conçues pour les seuls numéros de cirque ! Et ses compositions sont supérieures, car Liszt a su mettre sa virtuosité au service de la musicalité. Ainsi, sa musique est restée.

Pour comparer la virtuosité de Liszt à celle de Thalberg il y eut à Paris une soirée des J.M.F. au cours de laquelle furent données des œuvres des deux compositeurs. Devant les numéros de cirque de Thalberg, la salle fusa en rires : cette musique était tellement ‘’plate’’ qu’elle en devenait creuse ! Une telle expérience nous fait donc aussi conclure :

Chez Liszt, la virtuosité – qui en tant que virtuosité pure pouvait être aussi sujette au rire que celle de Thalberg, n’est pas restée inutile. Liszt, au tournant décisif que fut pour lui l’année 1847, se rendit compte de la victoire de l’artiste créateur sur le virtuose. Il sent qu’il porte en lui une oeuvre, et alors sa virtuosité va lui servir, mais cela, dans la mesure où elle ne nuira pas à la beauté musicale de l’œuvre. Il s’éloigne nettement alors des ‘’Etudes transcendantes’’ ou des Rapsodies Hongroises.

C’est ce que nous verrons au prochain chapitre.