Il y a un ciel et un arbre en toute phrase, qui nous redonnent l’enfance première en saute-mouton.
Il y a la belle lumière du poème qui relie les choses au chant et nous donne à rêver ou à réinventer…
La poésie est désuète et illégitime, dit-on, chaque phrase est miroir, la matière vivante d’un fruit, elle décompose son fragment d’histoire, ta si petite histoire qu’il faut travailler pour la moindre révélation.
Le poète rythme son âme à celui des arbres
J’ai trouvé un arbre, dit le vent, c’était il y a longtemps, dans l’éphémère éternité, il a donné son temps au solitaire poète des jours, profané ou désemparé,
Un livre est un vivier, un objet vivant que l’on feuillette, libéré de la contrainte sociale,
C’est pareil, c’est l’anti-vide, le vol secret d’un oiseau, entre écorce et feuille, c’est la primauté du chant, l'exacte mesure d’une âme se mesurant au centre de lui-même.
Le poème est dialogue sur tous les points cardinaux ; en cela même, il est unique. L'arbre sans filet, ses feuilles sont libres comme l’air pourtant qui sommeille aux feux et autres pernicieuses inventions.
On parle rarement d’un poète comme penseur : on dit souvent d’un arbre qu’il lit, ou du vent qu’il questionne la plaine. Les poèmes ne sont pas écrits par des arbres. Ces mots ne remplacent ni ne se substituent aux choses.
La grande délicatesse des poèmes, partout la poussière d’aube repousse la nuit qui se retranche dans l’ombre des choses
Puis quelques souvenirs périphériques : tu devras fermer les livres de ta vie, sans te détourner, poursuivre avec ton oubli, avec tous les autres, maintenant premier amour, à nous la géographie du fleuve, le ton maritime de ta poésie,
C’est le destin du mensonge de méditer : silence, silence sur les eaux.